Lettre de A. Toulmouche à G. Sand, 30 novembre 1874, Paris

 

Chère Madame,

Me voici de retour à Paris et dès le lendemain de mon arrivée, j'ai vu mon marchand anglais. Je lui ai montré l'aquarelle de Maurice qui lui a je crois beaucoup plu. Malheureusement, il a cessé le commerce des aquarelles et ne vend plus que des tableaux. Néamoins, il me propose de s'en occuper avec toute l'activité possible, et comme il est en relation à Londres avec tous les marchands d'aquarelles, je crois que nous aurons avec lui de grandes chances de sonder le goût des Anglais. Il n'a pu me fixer un prix exact. Il croit pouvoir tirer au moins 150 francs de chaque aquarelle du genre et de la dimension des vôtres, peut-être plus. Enfin, si Maurice désire tenter l'aventure, il peut m'envoyer deux aquarelles que je ferai parvenir à mon marchand mais qu'il ne les fais pas encadrer. Le cadre de celle que j'ai nuit beaucoup à la peinture. M. Everard, le marchand en question, est un homme très actif, très ardent en affaires. De plus, il m'est très dévoué. Je crois donc que les aquarelles de Maurice seront en de bonnes mains. Je n'ai pas encore vu les marchands de Paris mais je ne compte pas beaucoup sur eux, vu qu'ils n'achètent rien en ce moment, même à leurs anciens clients. Je saisirai les occasions si elles se présentent.

J'espérais vous voir cet hiver à Paris. Lambert me dit que vous ne viendrez pas. Vous devenez de plus en plus rare et c'est un grand chagrin pour vos amis.

Au revoir, chère Madame, faîtes, je vous prie, mes amitiés à Maurice et recevez l'assurance de mon respect et de ma très vive affection.

A. Toulmouche

Ma femme se rappelle à votre souvenir et les Lambert vous font milles amitiés.

Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, Fonds G. Sand, G. 5443